Jusqu'au bout du monde (marécages de Eau Sombre)

On m'a souvent raconté que le monde était plat, et que arrivé au bord, même l'eau des océans se déversait dans le néant...



Je voulais m'approcher plus, mais une peur me saisit: celle de me retrouver moi aussi happé par ce vide inéluctable qui attend le voyageur imprudent.
L'attirance envers un danger inconnu me poussa malgré moi à enlever mes bottines et retrousser ma robe pour mettre les pieds dans l'eau; elle n'était pas aussi visqueuse et froide que je l'aurai cru. Un léger courant me fit cependant frissonner, car il emportait toute chose flottante jusqu'au bord. Plus que cela, je sentais comme une volonté malsaine à l'œuvre dans l'eau sombre.
Telle une envoutée, je n'arrivais plus à m'arrêter: il fallait que j'en ai le cœur net. Je pénétrais alors de plus en plus profondément dans l'eau, retint ma respiration... et plongea.
Le moment qui suivit est encore confus dans ma mémoire. Une eau trouble... des nausées... mon corps qui se débat contre une sensation invisible...

Une seule vision claire me revient dans tout ce brouhaha incohérent



Je ne saurais dire ce que j'ai vu ce jour là, mais le simple fait de m'en souvenir me terrifie encore.