« J’annonce ! Le prochain qui me tapote sur l’épaule pendant que je discute se prend mon bâton là où je pense ! »
Salut , moi c’est Kawayte. Désolée du chahut mais mes compagnons et moi avons du mal à cohabiter. Voilà mon quotidien, il m’est devenu impossible d’être tranquille deux minutes, et je ne vous parle pas des stratégies que je suis obligée de mettre en place pour prendre ma douche !
L’existence d’un animiste n’est pas de tout repos, laissez-moi vous raconter comment cela se passe.
Lorsqu’on arrive à un certain âge, et que l’on veut suivre la voie des animistes, on vous envoie sans ménagement en pleine forêt (certains esprits mal intentionnés ont fait courir le bruit qu’on devait être nus entoures de jambon, ce contre quoi je m’insurge bien évidemment, non pas que je n’aime pas le jambon). Je devais attendre, selon le rituel, qu’un animal me choisisse pour devenir mon compagnon contre vents et marées.
Une nuit entière à me geler les noisettes à attendre qu’un animal vienne vers moi. Je pensais aux autres qui avaient déjà eu leur animal totem, et je me surprenais a rêver d’avoir un rhino, un pélican, un tigre (même si je ne les connaissais que de nom, je savais que c’était de fabuleux animaux de compagnie) et je me voyais déjà arpenter les plaines du plateau de Coba et lancer sur les monstres mon animal sanguinaire et furieux..
Quand soudain un petit reniflement m’interrompit. Un animal m’avait bel et bien choisie, mais j’allais avoir du mal à éviter les moqueries des autres car au lieu d’un puma ou d’un gorille, un écureuil tout riquiqui s’était mis à me faire des câlins.
J’essayai de m’éloigner discrètement, espérant que ce n’était qu’une coïncidence ; mais quelques kilomètres de course plus loin, l’écureuil était toujours là, il fallait se rendre à l’évidence. Malgré la déception évidente, je me rassurais en me remémorant l’épisode de Gégé, de mon ancienne promotion, qui avait eu comme animal totem un brochet. Moi au moins je n’ai pas à ma balader avec une marmite pleine d’eau à travers le royaume.
De retour au village des papillons bleus (là encore question prestige guerrier ça la fout mal) , j’allais voir le chaman sous les quolibets des autres animistes, quand je vis Michelle, une amie gibb de mon ancienne promo revenir avec un papillon. Finalement, un écureuil ce n’est peut-être pas si mal.
Le chaman, d’une politesse non négligeable m’a expliqué que l’animal totem est certes important, mais que le cœur compte énormément. Je ne serai pas seulement jugée là-dessus et je suis censée pouvoir devenir une animiste redoutable, même avec un écureuil. ( J’avais du mal à imaginer Fwet, mon écureuil, lutter vaillamment contre des hordes de zombies…)
Maintenant que l’animal totem m’a choisi, je dois braver les épreuves, apprendre de nouveaux sorts, combattre, voyager, acheter de nouveaux costumes…
Au moment de partir, sur le seuil de la hutte, le chaman me rattrape et me chuchote à l’oreille : « Kawayte, si un jour tu rencontres un elfe, qui pratique les arts obscurs, passe ton chemin … » sur ces mots il disparut, me laissant seule avec mon air de hareng frit. Air qui disparut très vite quand je vis Yves , mon meilleur ami animiste ressortir de la forêt accompagné d’un putois.
Ainsi l’histoire de la petite Kawayte à la recherche d’un groupe d’aventuriers commence. Certains de mes amis animistes partent avec leurs frères ou sœurs, d’autres avec des amis ; pour ma part je n’ai pas eu le choix de mes compagnons. Afin de m’acheter le costume de mes rêves pour partir à l’aventure, j’ai contracté tellement de dettes auprès de la vendeuse du village que celle-ci a préféré m’accompagner pour s’assurer que je la rembourserai un jour . Quant à Pwet, le seul garçon de la bande, et bien disons qu’il n’est pas insensible à mon charme et à mes grands yeux de gibberlingette.